Un des faits marquants de la vie de Saugues reste la procession du Jeudi-Saint des Pénitents blancs. Cette confrérie fut créée dans le bourg en 1652. Avec comme but l’exercice des œuvres de piété et de charité, la pénitence dans un esprit d’humilité et de mortification. A Saugues les Pénitents furent jusqu’à 200 et ils sont encore une cinquantaine aujourd’hui, ce qui est énorme au vu de la baisse générale de la population dans les campagnes. Ils perpétuent donc cette procession nocturne, véritable cérémonie héritée du Moyen Age et qui attire tous les ans de plus en plus de fidèles qui souhaitent une fois dans leur existence, s’agenouiller devant les porteurs de la croix de Saugues. Entre histoire, culture et religion, Saugues s’est forgé une âme unique dans ce pays du Gévaudan
Nous partons vers 8 heures pour « attaquer » la remontée des gorges de l’allier avant la chaleur ; nous ne le regrettons pas, la fraîcheur du matin rend la montée moins pénible ; faut avouer aussi que l’agréable compagnie de Violaine rend les kilomètres plus courts ; après deux kilomètres, nous rattrapons Lise, la « Danoise aux pieds pleins d’ampoules », qui était en compagnie de Violaine le premier jour ; elle a toujours des ampoules aux pieds et un sac en plastic à la main pour sa bouteille d’eau, en plus de son énorme sac à dos ; en fait elle ne parle pas du tout français et n’a réservé aucun gîte, elle est donc largement tributaire de ses compagnons de route, elle va à Saugues ce soir et nous suit donc, cela nous donne l’occasion de parler un peu Anglais ; équipés de notre opinel, Jean et moi taillons un bâton à Violaine et à Lise, mais la montée est presque finie…elle aura été moins dure que nous ne le craignions au départ
On se retrouve bientôt à 8, avec Jean-Philippe, que Violaine avait déjà rencontré hier, c’est un jeune qui tente de se « ressourcer » en faisant le pèlerinage complet. (Violaine ne fait que quelques étapes et Lise essaie d’aller jusqu’à St Jean pied de port)
Les paysages sont très beaux, mais les ombres assez rares, vu la taille de notre groupe, nous avons du mal à en trouver une assez grande pour nous abriter tous pour le pique-nique de midi, nous finissons par nous « poser » à l’ombre de quelque sapins après avoir débroussaillé le sol ; nous sommes juste en face du chemin et voyons donc passer tous les pèlerins, les deux suissesses, les 4 lyonnaises, des couples, des pèlerins seuls ; nous n’avions pas rencontré de groupes constitués exclusivement d’hommes, c’est chose faite avec ce « couple » de banquiers, le premier court littéralement sur le chemin, nous les reverrons au dîner ce soir.
Second incident de parcours, Bernadette se met à saigner abondamment du nez, sans doute à cause de l’effort du matin et de la chaleur, Renée la soigne au mieux. Jean soigne par imposition des mains les brûlures au bras de Bernadette et les pieds de Lise. Le résultat semble efficace pour Bernadette, pour Lise, c’est moins évident.
A l’entrée de Saugues, l’impressionnante statue de la « bête du Gévaudan » nous accueille. Nous arrivons à Saugues vers 16/17 heures chez Mme Martins ; l’accueil est plutôt de style « militaire » :
_ enlevez vos chaussures
_ entrez boire un verre…
Une très jeune autrichienne est là qui arrive d’Autriche à pied, elle va sans doute rester quelques jours au gîte pour se reposer
Lessive, séchage, promenade dans le village, on traîne Jojo faire les courses en grande surface.
Je téléphone à mes enfants, tout va bien.
Le repas est servi vers 20 heures, on commençait à avoir faim, mais les plats sont copieux et vraiment très bons : salade de gésier, riz, sauté d’agneau, fruit. On fait un peu plus ample connaissance avec les deux banquiers, ainsi qu’avec un ancien PDG de « Métal Europe » qui ne peut s’empêcher de parler « travail » tout le long du repas, il est à la retraite depuis plusieurs mois, mais toujours pas « débranché », il nous gâche un peu le repas et nous saoule avec sa voie forte.